mercredi 26 février 2014

2ème partie : Dans la peau d'une aide-soignante en maison de retraite


La description  faite de la journée d'une aide-soignante en EHPAD dans la première partie est très schématique et déshumanisée. A tout cela, il faut rajouter de très bons moments passés en compagnie des résidents. Véritables rayons de soleil, ce sont eux qui nous donnent le courage et la motivation pour revenir le jour suivant. Les rares moments où l'on peut se poser pour échanger sont  des moments magiques.

Cette deuxième partie se veut plus analytique: je tenterai d'y developper les principales causes de la mauvaise prise en charge des personnes agées en EHPAD et de proposer une solution.



Les rapports de certaines institutions sanitaires  ainsi que certains medias veulent nous faire croire, qu’une des raisons de la maltraitance, est le manque d’attractivité du secteur gériatrique, la dévalorisation et le non-respect du troisième âge. Qui  a dit que les personnes âgées sont à fuir ? C’est absolument faux !! Lorsque j’étais à l’école infirmière et je peux vous assurer qu’il y avait autant d’élèves attirés par la gériatrie que par la cardiologie. Et, contrairement à ce que l’on pourrait croire, plus d’étudiants sont attirés par la gériatrie que par la pédiatrie. Malgré tout, les expériences en stage dans les maisons de retraite ont, pour la plupart, été très mal vécues par les étudiants. Pourquoi ? Un personnel en sous-effectif et non qualifié faisant fonction d’aide-soignant, une avarie de matériel, une infrastructure branlante, une surcharge de travail et une mauvaise prise en charge de nos ainés . La plupart du temps le stagiaire infirmier devient veritable employé et ne sert qu'à pallier au manque de personnel. Il y a là de quoi dégoûter n’importe qui de travailler dans les EHPAD  et en particulier ceux qui aiment les personnes âgées. Résultat final, aucun des étudiants attirés par le secteur gériatrique n'a au final choisi de travailler dans le secteur gériatrique.

Le sujet de la maltraitance en institution pour personnes âgées n’est pas nouveau, on le rencontre régulièrement au sein des pages faits divers des quotidiens. Qu’est-ce qu’il y a sous le terme maltraitance ?  Brièvement, la maltraitance englobe la violence physique, psychologique, sexuelle et les privations de soins, de nourriture, d’affection et d’attention.

Au lieu d’avouer que la principale cause de maltraitance est la pénurie de personnel et l’embauche de personnes sous-qualifiées, les dirigeants d’EHPAD  veulent faire croire que certains soignants sont maltraitants de manière intrinsèque et qu’ils doivent analyser leur comportement  pour pouvoir le modifier.  Comme il y a le déviant sexuel, le violent pathologique … il y a le soignant maltraitant. Dans ce domaine comme dans d’autres, une minorité des soignants  sont des pervers sadiques. Les autres, je vous rassure sont normalement constitués, voir le plus souvent très bienvaillants.  Pourtant les actes de maltraitance ne sont pas exceptionnels, alors cherchez l’erreur…

Au sein de l’EPHAD dans laquelle j’ai travaillé, des réunions avec une psychologue sont organisées pour parler du sujet. Il existe même ‘’un projet personnalisé qui (permettrait) à l'ensemble des collaborateurs de s'approprier la démarche d'accompagnement et de prise en soins de la Bientraitance’’ : que de beaux projets pour masquer une réalité moins rose et pourtant loin d’être irréversible. 

Je suis restée un mois dans cette structure en tant qu’aide-soignante vacataire. L’établissement héberge une cinquantaine de résidents, c’est une structure à taille humaine de la région parisienne. N’ayant jamais mis les pieds dans une structure similaire, je ne peux être sure de ce que j’avance mais je pense sincèrement me trouver dans une structure tout à fait correcte. Alors, me direz-vous, pourquoi persistent des situations de maltraitance quotidiennes ?? Le personnel serait-il si inhumain,  si inconscient pour traiter nos seniors de la sorte ?
J’ai constitué une liste qui selon moi regroupe quelques-uns des principaux  facteurs favorisants des situations de maltraitance au sein des EHPAD :

1.       L’embauche de personnel sous-qualifié par les EHPADs

 Dans ma structure, la moitié du personnel soignant est composé d’agents de services hospitaliers (communément appelés ASH) exerçant en toute illégalité le rôle d’aide-soignant (ou AS) grâce au bon vouloir de la direction.
Selon l’article 11 (abrogé au 31 décembre 2008) du Code de la Sante Publique modifié par le  Décret n°2000-844 du 31 août 2000 - art. 1 JORF 2 septembre 2000 et abrogé par Décret n°2007-1188 du 3 août 2007 - art. 23 (V) JORF 7 août 2007 en vigueur le 31 décembre 2008 : ‘’Les agents des services hospitaliers qualifiés sont chargés de l'entretien et de l'hygiène des locaux de soins et participent aux tâches permettant d'assurer le confort des malades. Ils ne participent pas aux soins aux malades et aux personnes hospitalisées ou hébergées.’’ Enfin, exercer la profession d’ASH ne nécessite ‘’aucune condition de titres ou de diplômes’’.

Sur le papier il n’y a pas entorse à  la loi puisque les ASH sont censées servir les petits déjeuners et effectuer seulement les aides à la toilette des personnes les plus indépendantes. Dans les faits, l’organisation est toute autre : chacun fait comme ça l’arrange. Aux vues de la charge de travail, les aides-soignantes ne veulent pas avoir à s’occuper uniquement des patients les plus lourds, ce qui serait trop épuisant physiquement.

Pourquoi les EHPADs se risquent-ils à détourner  la loi ? Réponse : L’intérêt financier. Un ASH « coûte » moins qu’un AS. La différence se monte à un peu plus de 200 euros brut par mois, hors charges patronales (1.204 euros brut /mois  pour un ASH contre 1.419 euros brut/mois pour un  AS)

Un tel choix de la direction n’est pas sans conséquences pour la santé et le bien-être des résidents, car le travail d’un AS ne consiste évidemment pas uniquement à « torcher des fesses ». Lors de mon immersion j’ai assisté à de nombreuses fautes d’hygiène, évitables autrement. Par exemple, j’ai pu voir un résident se faire nettoyer les parties intimes avec un gant souillé de selles, ce qui entraine, à coup sûr, des mycoses génitales et anales voir des cystites ou autres infections rénales.

Le titre d’AS assure aux employeurs que la personne a été considérée apte à exercer ce travail par toute une équipe soignante avec qui elle a travaillé pendant 1 an. Ce titre assure que la personne a acquis au cours de sa formation des compétences en soin d’hygiène et de confort essentielles à la prise en charge des personnes âgées. Bien sûr, une personne, autre qu’aide-soignante est capable de faire preuve d’hygiène mais  en règle générale la formation d’aide-soignant limite les dérives.  Les aides-soignantes ont reçu les bases, connaissent les protocoles. De plus, le diplôme certifie que l’employé sait lire et écrire français et qu’elle a des notions en anatomie, pharmacologie,… Toutes ces compétences sont indispensables pour s’occuper d’une personne âgée. Il est indispensable aussi pour communiquer avec les personnes âgées mais aussi pour administrer certains traitements comme des crèmes antimycosiques par exemple. 

Alors il est vrai que les EHPAD rencontrent de nombreuses difficultés pour embaucher des aides-soignantes.  Non parce qu’il y a pénurie, mais parce que le poste n’est pas du tout attractif. En maison de retraite, les aides-soignantes savent qu’il y aura surcharge de travail, pénurie de personnel et de matériel. La question n’est pas comme le pensent certains : que personne n’aiment s’occuper des ainés…loin de là….

2.       Créer des situations de travail difficiles 

Donner toujours plus de travail tout en faisant culpabiliser les employés. Chaque jour les encadrants poussent un peu plus à bout les employés en leur trouvant de nouvelles tâches à accomplir : faire la poussière dans les chambres, ranger les vêtements dans la penderie, sortir et vider les poubelles, nettoyer l’adaptable, donner les médicaments,  nettoyer la salle du personnel et les vestiaires… Autant de tâches qui misent bout à bout en plus du reste, relèvent des compétences de quelqu’un ayant des superpouvoirs. Il existe un jeu d’interdépendance entre les deux instances mais le rapport de force tourne toujours en faveur de la direction : pour l’un il y a la peur du chômage et pour l’autre juste la nécessité de trouver un remplaçant au plus vite. Le compte est vite fait : on sait qui va mener l’autre par le bout du nez. Est-ce  qu’il n’y a que les femmes sous diplômées et en situation précaire qui acceptent encore de travailler en maison de retraite ? Je ne sais pas. Je sais par contre que les EHPAD savent qu’il est plus facile de presser comme des citrons les personnes ayant des difficultés sociales.  Les conditions de travail sont tellement difficiles que les équipes sont instables, il y a souvent des absents. Donc les conditions sont encore plus rudes, on fait de la débrouille pour assurer le minimum…  dont le seuil est parfois très bas.

3.       Embaucher une équipe soignante en constant sous-effectif :

Par équipe il y a entre 5 et 6 soignants pour cinquante résidents repartis sur 5 étages. Soit une moyenne de 8 à 10 patients par soignant. Chaque soignant à environ 3h30 pour s’occuper de 10 patients soit une moyenne de 20 min par patient : ce temps comprend l’aide à l’alimentation, l’aide à la toilette, l’aide à l’habillage, la réfection du lit et, au désir de la direction, les nombreuses autres taches annexes qu’il faudrait accomplir. Bien sûr, cette aide dépend de l’autonomie du patient. Mais si vous faites une estimation du temps qu’il vous faut à vous adulte d’âge moyen pour petit déjeuner, vous laver, vous habiller et faire votre lit le matin alors que vous êtes en bonne santé physique et mentale. On sait qu’en EHPAP il y a en moyenne,« 38.8 % des patients qui sont très lourdement handicapés (GIR 1). 37.4 % qui sont confinés au lit ou au fauteuil ou ont les fonctions mentales altérées avec conservation des possibilités de se déplacer (GIR 2). A l'opposé, on constate que 2.9 % des patients sont complètement autonomes pour les actes discriminants de la vie courante (GIR 6). 2.6 % assurent seuls leurs déplacements à l'intérieur, s'alimentent et s'habillent seuls (GIR 5). Les hommes sont, dans l'ensemble, plus autonomes que les femmes. » (http://ile-de-france.sante.gouv.fr/sante/prs-comp.pdf)


Vous constaterez aisément que relever le challenge du 20 min par résident n’est pas chose facile avec une personne qui fait des fausses routes, ne marche pas, est incontinente, et souffre de sénilité. A partir de ce constat, quels choix ont les soignants ?

- Bâcler le travail.
C'est-à-dire comme j’ai vu faire : laver uniquement le visage, les mains, les parties intimes et changer la protection. Habiller une personne par-dessus sa chemise de nuit. Oublions le lavage des dents, l’hydratation de la peau, … réservés aux jours de fête. Les personnes qui marchent seules sont souvent délaissées au profit de ceux qui sont impotents même si ces premières ont des déficiences mentales et qu’elles se lavent mal, ne se changent pas d’un jour sur l’autre… Nous rentrons là dans une situation de maltraitance par négligence. Personnellement, j’ai très mal vécu le fait de devoir parfois bâcler ma prise en charge par manque de temps : c’était une réelle souffrance psychologique. J’avais le sentiment de ne pas pouvoir faire autrement pour pouvoir m’occuper de tous les résidents. J’ai beaucoup culpabilisé de ne pas réussir à faire mieux avec le temps dont je disposais.

- Faire des heures supplémentaires non rémunérées.
Certains soignants arrivent entre une demi heure et une heure en avance au travail pour pouvoir travailler dans de meilleures conditions. C’est un choix généreux sachant que cela se fait au détriment de leur vie personnel et que le seul avantage perçu est d’avoir le sentiment d’avoir bien fait son travail….  Je tiens à dire que lors de mon passage en EHPAD j’ai constaté que les soignants souffrent beaucoup de ne pouvoir s’occuper comme ils le souhaiteraient des personnes âgées. Pour la plupart ils exercent leur travail avec un grand souci du bien-être de la personne et aussi avec beaucoup d’affection. Seuls certains éléments, comme dans toutes les structures, n’ont rien à faire auprès des personnes âgées. Ils sont là parce qu’ils n’ont aucun diplôme, cherchent un travail et ils y restent parce que la direction semble apprécier leur rapidité d’exécution du travail, leur disponibilité aux heures supplémentaires et le fait qu’ils ne se plaignent que rarement : une aubaine pour l’EHPAD, un cauchemar pour les personnes âgées.








Alors il est bien beau de faire de longs discours sur ce qu’est la Bientraitance et la Maltraitance mais disons-le, c’est surtout prendre les soignants pour des ‘’poires’’. Il semble clair qu’il existe d’autre moyens pour régler le problème que d’en parler, que de faire de belles réunions menées par des psychologues moralisateurs et bienpensants, prenant les traits de philosophes l’espace d’une heure ou deux pour  faire réfléchir les soignants sur leur pratique professionnelle.

La solution n’est selon moi pas si compliquée : il est nécessaire de gonfler les effectifs soignants !! Mais, à quel prix pour les dirigeants des maisons de retraite ? Là, c’est une question de choix et d’éthique professionnelle. Il serait donc judicieux  que les directions suivent ces mêmes réunions philosophiques sur la Bientraitance et la Maltraitance. Il faudrait revoir les normes qui fixent les taux de présences professionnelles au sein des maisons de retraite : j’ai  constaté qu’il y a un sureffectif d’encadrants pour un sous-effectif d’exécutants. Peut-être alors qu’en renversant la balance, ces maisons ne perdraient pas d’argent et que les situations de maltraitance diminueraient. L’équilibre entre intérêt financier et intérêt éthique n’est pas facile à tenir. On sait bien que c’est l’intérêt financier qui prime, mais peut être pourrait on allier les deux en allégeant la charge de travail de ceux qui ont la part la plus pénible physiquement et mentalement.

On sait que les maisons de retraite sont très attractives pour les investisseurs ce qui est selon moi un gage que c’est un secteur qui rapporte. Ce secteur est un investissement d’avenir puisque le nombre de personnes âgées doublera d’ici 2015 et qu’il y a une forte demande de création de structures d’accueil pour personnes dépendantes. Le secteur public quant à lui s’essouffle à cause des coûts importants de mises aux normes des structures. On sait que le chiffre d'affaires d'Orpea a triplé entre 2004 et 2008 et que son bénéfice net est passé de 19 à 48 millions d'euros. Sur la même période, les revenus de son concurrent Korian ont été multipliés par cinq mais son résultat a seulement triplé. On sait également que les tarifs qui vont de 60 à 100 euros par jour en moyenne dépassent de beaucoup le revenu moyen des personnes âgées, environ 1700 euros par mois. Les EHPADs privées visent essentiellement les personnes âgées les plus aisées.

Le groupe de l’EHPAD dans lequel j’ai travaillé cet été  affiche de très bons résultats sur les trois premiers trimestres 2011 avec un chiffre d’affaire en hausse de 9.4 % et un CA total de 744,5 millions d’euros. Il s’assure d’ores et déjà une croissance de 30% sur la période 2010-2013.  Les résidents de la structure paient 3000 euros par mois ce qui est la norme en région parisienne. Moralité ça n’est pas une histoire d’argent !! Augmenter les effectifs soignants, c’est améliorer les conditions de travail, stabiliser les équipes, diminuer le personnel en situation de précarité, diminuer les situations de Maltraitance, améliorer la qualité de vie des seniors.


Les rapports institutionnels français, européens et mondiaux font le constat suivant : la maltraitance est, entre autres,  le résultat d’une surcharge et d’un effort de travail trop intense ainsi que le manque de qualification des soignants.  Mais les mesures mises en place ne traitent que le problème en surface : on noie le poisson avec des résolutions superficielles comme des campagnes d’information et de prévention ainsi que des réunions de travail sur la Bientraitance. J’aimerai comprendre pourquoi les gouvernements n’imposent pas aux EHPAD un gonflement des effectifs soignants, une interdiction de faire travailler des ASH faisant fonction aides-soignants.  Je pense qu’avec ces deux mesures, les conditions de travail seraient bien meilleures et que du même coup cela augmenterait l’attractivité du secteur gériatrique.  



mercredi 24 avril 2013

Chagall au Musée du Luxembourg

Du 21 février au 21 juillet, le Musée du Luxembourg à Paris expose les œuvres de Chagall  autour du thème "Entre guerre et paix". Thème large puisque les guerres vont rythmer toute la vie de Chagall. 
Voici quelques clés pour comprendre le parcours d'exposition.

En 1914, après 4 ans de formation à Paris, Chagall retourne en Biélorussie pour retrouver Bella avec qui il se marie en 1915. La Russie rentre en guerre et commencent les pogroms et l'exode juif.   Etant employé dans un bureau à Saint-Petersbourg, Chagall échappe aux combats mais il assiste à l'exode, au retour des soldats bléssés,  au va et vient des militaires dans la rue. En 1923, il quitte la Russie définitivement pour Paris où il reste jusqu'à ce que le contexte politique l'oblige à s'exiler aux Etat-Unis. En 1937, les nazis saisissent ses oeuvres dans les collections publiques allemandes pour les présenter dans une exposition "Art dégénéré" à Munich. En 1941, il quitte Paris pour New-York. Les oeuvres qu'il produira à ce moment là, sont marquées par la représentation de la souffrance humaine et plus précisement celle du peuple juif, sous la forme  d'un christ en croix vêtu du talit. En 1944, alors qu'il vit aux Etats-Unis, Bella meurt des suites d'une infection virale. Chagall est effondré et restera un moment sans peindre. En 1949, peu après la fin de la guerre, il retourne en France et y restera jusqu'à sa mort, à Orgeval, en banlieue parisienne puis, à Saint-Paul de Vence, sur la Côte d'azur.

La vie de Chagall s'articule autour de ses déplacements successifs. Tout d'abord, il y a la ville de son enfance, Vitebsk. C'est en Biélorussie, dans cette ville de 60 000 habitants que naît le peintre. Vitebsk est pleine d'églises orthodoxes imposantes comme la cathédrale d'Ouspenski ou celle de la rue Prokowskaîa dont on voit les coupoles et les dômes dans de nombreux tableaux. Les isbas en bois et leurs fermes jalonnent les rues, il y a aussi le pont qui passe au dessus de la Dvina. On retrouve aussi dans les représentations de Vitebsk, la flore russe avec ses forêts de sapins, de bouleaux et ses paysages enneigés. Cette ville renvoie à son enfance et au souvenir, sa représentation est toujours teintée de mélancolie.

Ensuite c'est Paris, "sa ville d'accueil", qui imprègne la peinture de Chagall . La ville est représentée par ses monuments : la Tour Eiffel, Notre-Dame de Paris, les ponts, la place de la Bastille. Les représentations de la ville ne sont pas réalistes mais sont plutôt des évocations poétiques et fantaisistes. Paris c'est la ville où il rencontra ses confrères artistes : Blaise Cendrars, Apollinaire, Delaunay. C'est une part de son identité artistique et c'est aussi sa seconde patrie. Dès 1937, Chagall prendra la nationalité française pour fuir l'antisémitisme d'Europe centrale.

En 1966, Chagall s'installe à Saint-Paul de Vence, sur la côte d'azur. Elle est représentée avec ses remparts et sa tour carrée médiévale, ses paysages maritimes. C'est la ville de la maturité, là où il passera les 20 dernières années de sa vie. Elle est associée à une image de bonheur, d'harmonie et de sérénité.

L'amour est omniprésent dans l'oeuvre de Chagall, l'amour pour sa famille, pour Bella, sa première femme, pour Vava et Virginia Haggard les femmes avec qui il partagera sa vie après la mort de Bella. Le couple, il le sème comme symbole indestructible, ciment de sa vie, patrie dans l'exil. Son couple avec Bella est particulièrement récurrent au sein de l’œuvre : cette femme, il l'adore, il l'admire, c'est "la" femme de sa vie. Ils ont grandi ensemble dans le même petit village Biélorusse. Ils ont beaucoup en commun : à eux deux, ils transportent au fil de leur exil, leur pays, leur culture juive, leurs souvenirs d'enfance. Le couple est la seule structure sociale capable de le protéger, de l'héberger, de lui donner le sentiment qu'il est chez lui ailleurs. Pour lui, son couple est un refuge. Le couple représenté dans l'envol représente aussi la plénitude amoureuse. Les couples hybrides sont eux inspirés du folklore russe, les Loubki, qui sont des personnages aimables, loin des monstres hybrides occidentaux. Le bouquet de fleurs symbolise l'amour, c'est aussi un hommage à Bella qui en apportait beaucoup à la maison. Le bouquet de fleurs symbolise également les moments heureux, les fêtes, l'intimité du foyer.

L'artiste restera sans cesse très attaché à ses racines juives et cela d'autant plus qu'il part de Vitebsk pour fuir les pogroms de la révolution russe. Le juif errant est  d'ailleurs, une figure récurrente dans la peinture de Chagall et représente la fuite  perpétuelle de  son  peuple. Il illustrera la Bible en 1930, se rendra en Palestine en 1931. Il veut maintenir le lien avec ses origines et son identité pendant l'exil. De nombreux éléments de tableaux sont chargés en tradition juive : le menorah ou chandelier à sept branches, la houppa ou dais traditionnel rouge qu'on place au dessus des jeunes mariés, le christ couvert d'un châle de prière juif le talit, Adam et Eve, une ribambelle de personnages bibliques : Abraham, Josué, Moise, Salomon, Noé,.. Dans la peinture de Chagall, le christ est symbole de la souffrance humaine, collective et individuelle et en particulier, symbole de la souffrance des juifs. Le christ en croix est d'ailleurs toujours vêtu du talit. Au sein des tableaux, on rencontre aussi des anges : ils sont soit annonciateurs de catastrophe, soit représentent l'inspiration artistique comme don du ciel, ou encore sont porteurs d'espérance et de paix. Ils sont en tout cas des messagers.

Tout au long des peintures, vous apercevrez, toutes sortes d'animaux : des ânes, des chèvres, des boucs, des poules et des coqs, des oiseaux, des poissons...Le bestiaire de Chagall est constitué d' animaux familiers, d' animaux de la ferme, d' animaux nourriciers, d' animaux  doux,  inoffensifs pour l'homme. Chagall utilisera l'âne, le bouc et parfois le coq pour faire son autoportrait. L'âne, animal doux, patient, docile sera souvent utilisé pour montrer sa soumission  à sa femme Bella .

Le coq et la poule quand à eux ont plusieurs significations. Le coq est utilisé pour son image de reproducteur, comme image de l'amour viril. Les poules et les coqs sont aussi utilisés comme image de rédemption, dans la tradition juive, lors du Grand Pardon, on offrait une poule à chaque femme et un coq a chaque homme, à qui ils avouaient leurs fautes avant de les sacrifier.  Le coq et la poule font aussi parti des souvenirs d'enfance , de la vie à Vitebsk.

Le poisson est lui non seulement  un symbole christique mais aussi un symbole de retour au calme, à la vie. Souvenir des harengs de Vitebsk, symbole du temps qui passe. Aussi plat du sabbat, le poisson fait parti des repas de fêtes familiales. Symbole aussi le fluidité, de mobilité, de liberté.

La chèvre est un animal qui apparaît très régulièrement. Cet animal représente l'innocence, l'enfance, le monde serein. Elle est chanté au moment de la Pâques Juive dans une comptine appelée "La petite chèvre". Elle est représentée comme un être sans défense au milieu des conflits du monde : symbole de compassion, de tendresse, pensive , parfois mélancolique. 

Le bouc lui, fait parfois figure de double de Chagall. C'est aussi le bouc émissaire du Lévitique, exclu et chargé de toutes les transgressions, c'est celui que l'on sacrifie.

Les oiseaux, eux ont une présence plus discrète. Ils apparaissent dans les moments de paix, les moments heureux, au sein de paysages, de la nature. Le phénix, quant à lui a une signification particulière, animal qui renaît de ses cendres évoque la capacité de l'artiste à se renouveler ainsi que le peuple juif qui malgré l'holocauste, survivra aux atrocités de la guerre.

Le monde du rêve, le fantastique sont essentiels pour Chagall. La lune évoque le rêve, le sommeil et la nuit mais surtout l'intimité  parce que la lune est observée depuis la fenêtre. La liseuse ou la rêveuse à la fenêtre est aussi une scène récurrente qui représente l'intimité du foyer et l'intimité de l'être. La fenêtre est moyen d'échange entre l'intime et le public, entre le dedans et le dehors.

La musique, a elle aussi une place essentielle. C'est un thème phare pour les peintres, parce qu'il y a le challenge supplémentaire de faire entendre la musique par l'image. Chez Chagall, on retrouve des violonistes, des trompettistes et les musiciens du cirque. Chagall  a depuis tout jeune, été attiré par les musiciens de rue, les gens du cirque, notamment les clowns et les acrobates. Lui-même il s'identifie parfois à un funambule, faisant son chemin entre ciel et terre. Le cirque est associé aux rêveries aériennes, à un besoin de liberté. L'évocation du cirque permet à Chagall une certaine liberté vis à vis des règles de perspective et de toute représentation réaliste. Le cirque est un de ses thèmes favoris, il considère les gens du cirque comme de "grands artistes" qui vivent entre eux de manière autonome et auto suffisante, une sorte de modèle de fonctionnement artistique. Un monde d'illusion, hors du temps et des difficultés propres à l'existence, un monde heureux; un peu comme le monde de la peinture.

De toutes ses toiles ressort un message fort : quelque soit le lieu où il se trouve, un attachement inaltérable à ses racines juives, à sa culture russe, à sa famille et à son amour. Tout au long de sa vie d'exil, il se réfugie dans le rêve, dans sa vie de couple, dans la Russie de son enfance, et enfin  au coeur de sa peinture.

Mon coup de cœur, c'est ce tableau. Je trouve qu'il dégage quelque chose de très fort. Un couple, l'un contre l'autre, leurs regards rêveurs, tous deux tournés vers la forêt de bouleaux, les arbustes en fleurs. C'est très printanier, on sent presque le vent frais sur les visages. On ressent une sorte d'harmonie parfaite entre l'intimité du foyer et la nature paisible et flamboyante. Cette peinture c'est "Vue de la fenêtre à Zaolchie" qui date de 1915. C'est cette année que Chagall rentre en Russie et épouse Bella. Ce tableau représente les deux jeunes mariés pendant leur voyage de noces, à Zaolchie près de Vitebsk. Dehors c'est la guerre qui commence mais pour les amoureux c'est le début de leur vie de couple et on ressent la plénitude et le bonheur des retrouvailles et d'un début de vie à deux. La peinture reflète bien le plaisir que Chagall et Bella ont d'être ensemble.

mercredi 6 mars 2013

Conduite "mains libres"


Pour ceux qui ont rêvé un jour, tel James Bond, d'appeler leur voiture en un clic pour qu'elle rapplique lorsqu'il faut fuir les méchants ou amener sa belle à l'hôtel, leur fantasme deviendra peut être réalité d'ici peu.

Depuis 2010, Google travaille à la mise au point d'un système de pilotage automatique. Aujourd'hui le système est tellement au point que la Californie vient d'autoriser les essais au sein de son Etat et permet maintenant aux "self-driving cars" de circuler seules sans présence humaine sur les routes. Seul le Nevada avait déjà autorisé la circulation de ces véhicules en complète autonomie.


La voiture est un petit bijou de technologie. Équipée d'un lidar sur le toit, sorte de scanner 3D 360° , de plusieurs radars, d'une caméra et d'un GPS, cette voiture, après avoir effectuée un parcours classiquement conduite par un chauffeur, est capable de reproduire le trajet en s'adaptant à la circulation, à la signalisation, aux piétons ainsi qu' à tous les imprévus. Depuis 2010, ces voitures à l'essai n'ont encore jamais connu d'accident en mode automatique malgré plus de 500 000 km parcourus. Le conducteur pourra passer du mode manuel au mode automatique selon ses désirs. Points à améliorer : la voiture ne serait pas capable d'agir de manière adéquate aux ordres des agents de la circulation parce qu'elle ne les différencie pas des piétons. Aussi comme tout objet de technologie, il y a le coût de réparation lorsque que le lidar ou encore la caméra tombe en panne ainsi que la réaction du véhicule lorsque l'un des éléments tombe en panne.

Ces voitures permettraient de réduire les accidents de la route notamment sur les courtes distances et plus particulièrement sur les trajets quotidiens tels que pour aller au travail,  déposer les enfants à l'école, aller faire des courses,... Elles permettraient aussi aux personnes déficientes visuelles, aux personnes porteuses de handicap, aux personnes âgées ou encore aux personnes sous l'emprise de drogues ou d'alcool de prendre la voiture sans risque.

Selon Google, ces voitures pourraient être commercialisées pour le grand public d'ici 5 ans et être largement utilisées d'ici 20 ans.  Pour l'instant la voiture coûte environ 150 000 dollars, les équipements qui la composent étant encore trop chers. Plusieurs projets comparables sont lancés en Europe depuis 2009!

mardi 5 mars 2013

Job de rêve chez les Aussies

En ce temps de crise économique européenne, beaucoup de jeunes partent tenter leur chance en Australie. Qui ne connaît pas quelqu'un qui connaît quelqu'un qui est parti en Australie ?? On estime à 1.6 millions,  le nombre de jeunes venant séjourner au pays des kangourous chaque année.

L'Australia Tourism a lancé hier un grand concours permettant de gagner un des "six meilleurs jobs au monde". Après le succès de la première édition en 2009, où un britannique avait remporté le job très convoité de gardien de l'île paradisiaque d'Hamilton pour une durée de 6 mois, l'office du tourisme remet ça cette année. Le but : promouvoir le pays et inciter les jeunes à venir occuper les postes vacants dans le secteur du tourisme.

Alors parmi ces jobs, lequel vous colle à la peau ? Reporter spécialisé sur la vie culturelle et nocturne de Sydney, photographe à Melbourne, explorateur-aventurier des terres sauvages nord-australiennes, gardien d'un parc naturel dans le Queensland, testeur culinaire dans l'ouest de l'Australie ou encore soigneur animalier dans le sud du pays ? Si je devais choisir, ça serait soit aventurière soit testeuse culinaire !!! Malheureusement, vu mon niveau d'anglais je m'abstiendrai ;-)

Pour postuler, il faut avoir au moins 18 ans et être éligible à un visa pour travailler en Australie. Si ces conditions sont réunies, inscrivez-vous sur le site. Il y a plusieurs étapes de sélection. La première consiste à envoyer une vidéo de 30 secondes ou moins où vous expliquerez en anglais en quoi vous êtes le meilleur pour ce job. Vous pouvez vous inscrire à plusieurs des jobs simultanément à condition d'envoyer vos vidéos avant le 10 avril, 21h (heure d' Australie orientale ).150 candidats seront pré-sélectionnés soit 25 pour chacun des jobs. Puis après avoir vérifié que les candidats réunissent toutes les conditions, le jury en sélectionnera 18. Ces 18 candidats iront en Australie où ils passeront divers tests et épreuves afin d'élire les 6 finalistes. Pour ces jobs, il faut avoir un bon niveau d'anglais, être en bonne santé physique et mentale, être sociable, bon communicant et surtout être très motivé !!

Les gagnants recevront le modique salaire de 100 000 dollars pour 6 mois d'embauche du 1er aout 2013 au 14 juin 2014. Alors si ça vous fait rêver, tentez votre chance!!

vendredi 1 mars 2013

Les bars à chats arrivent en Europe


C'est un  concept venu du Japon en 1998, les Neko cafés ou bars à chats (neko = chat en japonais) offrent à leurs clients un espace insolite pour se relaxer : ils peuvent boire un thé chaud, lire des mangas tout en caressant quelques uns des nombreux félins qui règnent sur les lieux. Pensé au départ pour casser la solitude des travailleurs japonais surmenés, ces cafés rencontrent un franc succès. Maintenant on compte 40 Neko Cafés rien qu'à Tokyo. Là-bas les cafés offrent différents espaces : les clients peuvent lire, jouer à des jeux vidéos, surfer sur le web, se retrouver entre amis. A l'entrée, on doit se déchausser pour enfiler  des chaussons avant de pénétrer la "catosphère". Tous les chats sont habitués à la présence humaine et sont très dociles, on peut les caresser mais pas les prendre dans les bras. Des soigneuses sont dans la salle pour veiller à leur bien-être. On trouve ces cafés en Corée du Sud, à Taiwan ou encore à Hong Kong.
 
A Saint Petersbourg, c'est le Cat Republic qui à ouvert ses portes en 2011 et qui acceuillent 8 chats dont 4 viennent du Musée de l'Ermitage où ils étaient hebergés pour chasser les souris. Ce café pousse la folie des chats jusqu'à exposer différentes collections d'objets : photos, figurines, tapisseries, livres autour du thème. Les visiteurs n'ont pas le droit de forcer l'animal à jouer et à être caressé si ce dernier n'en montre pas l'envie. Ce café rencontre un fort succès auprès des adultes et des enfants. Certains clients ont leurs habitudes et viennent rendre visite à un chat en particulier comme si c'était le leur.
 
Il y a un an le concept a conquis la ville de Vienne grâce a une japonaise expatriée là-bas. Le Café Neko ressemble plus aux cafés à l'occidental. Ici, pas besoin de se déchausser, il y a six chats pour 50 places assises. Une déco très nature avec un mobiler en bois, des sièges en cuir,... pour déguster son thé en toute sérénité.
 
 
 
 
Maintenant, c'est à Londres d'accueillir l'idée et cette fois c'est une australienne qui décide d'implanter un café à chats dans le Nord de la capitale. L'ouverture est prévue pour le mois de mai. Financée par des internautes, elle proposera un lieu chaleureux dans un style victorien  où elle accueillera une vingtaine de chats issus de la Mayhew Animal Home (SPA à l'anglaise) et une cinquantaine de visiteurs. Le Lady Dinah's Cat Emporium permettra aux londoniens amateurs de félins et qui ne peuvent pas en accueillir chez eux, d'en profiter le temps d'un café. Les futurs clients attendent déjà l'ouverture avec impatience : un vrai réseau de supporters s'est tissé sur le net.
 
A quand un "Café à Chats" sur Paris ?

jeudi 28 février 2013

Super-mamies


Le 3 mars c'est la fête des grand-mères et donc j'ai décidé de faire un article spécial pour l'occasion.
 
Ces derniers temps, les grand-mères s'organisent et font parler d'elles. Et oui !! Nos mamies sont jeunes dans leurs têtes, elles sont actives, elles sont modernes, elles sont in !! Pourquoi ?
 
Tout d'abord, parce qu'elles font des "mamies-festations"! Les mamies comme je les aime ne vont pas à des manifestations contre le mariage gay, comme on a pu le voir récemment .
Non, les mamies dont je parle, elles vont à la manif "I love ma Grand'mère"qui a lieu le 3 mars, place de la Bastille, à partir de 16h. A cette manif, on va faire la fête, on va danser, on va profiter d'être ensemble.  Les mamies  n' y revendiquent rien, juste de l'amour, des bisous et des câlins !! Trop mignonnes ces mamies ! Soutiennent le projet, une ribambelle de mamies-starlettes : Lucienne, icône de la mamif' et web-entrepreneuse; Mercotte, reine des fourneaux; Huguette, mamie-fouettard du petit écran; Chantal Goya, conteuse de talent ; les blagueuses de la "Minute Vieille"sur ARTE ainsi que la Djette Mamy-rock, star des platines ! Un grand Flash Mob sera organisé avec elles pour l'occasion ainsi bien sûr, qu'un bon goûter.
 
Ensuite nos grand-mères, elles font de la coloc'. Parce que c'est nul d'être seul dans sa maison à goûter avec Julien Lepers et  dîner avec Jean-Pierre Pernaut, les "Babayagas" (dixit "grand-mères" en russe) ont décidé de vivre ensemble. Leurs mots d'ordre : autogestion, solidarité, féminisme, citoyenneté et écologie. La maison sera partagée en plusieurs studios indépendants avec kitchenette et salle d'eau que chaque résidente pourra décorer à son goût. La maison aura des espaces communs : une salle de gym, une bibliothèque, une salle de réunion, une salle de réception, un petit jardin... L'objectif : trouver une alternative à la solitude et aux maisons de retraite. Les mamies adapteront l'appel aux aides extérieures à leurs besoins, en profitant de celles offertes par la ville de Montreuil ainsi que de la solidarité citoyenne.  La maison des babayagas abritera 20 personnes âgées et 4 personnes de moins de 30 ans dans un soucis d'aide intergénérationnelle. Cette maison qui sera située rue de la convention à Montreuil est en cours de construction !!!
 
Les mamies ont tellement le vent en poupe qu'on en fait aussi des oeuvres d'art !! C'est grâce à son petit fils photographe, Sacha Goldberger que Mamika s'est retrouvée devant les projecteurs.  Mise en scène telle une super-héroïne, une super mamie moderne : a 93 ans, Mamika vole d'aventures en aventures avec sa cape et son casque de moto. Cette saga, c'est un peu la déclaration d'amour de Sacha à sa grand-mère qui est sa super-héroïne et aussi, sa plus grande fan. Un film est en cours de tournage !

Bref les mamies, elles s'activent et moi j'aime ça !!

J'ai goûté... le cidre de glace !


Rien que le nom me fait rêver et m'évoque des étendues de  forêts canadiennes recouvertes d'un épais manteau de neige. J'avais d'abord lu un article dans un magazine féminin connu. Puis, un jour en me rendant dans un centre commercial, que vois-je ? Un stand de cidre de glace !! J'ai tout de suite foncé pour une petite dégustation.
 
Le cidre de glace, c'est un cidre ou alcool de pomme issu de la fermentation d'un jus de pomme concentré par l'action du froid naturelle. Cette idée vient du Québec et a été créée par un oenologue français installé là-bas au début des années 90. Les pommes sont cueillies en automne ou en hiver. La concentration des sucres doit s'effectuer par le froid naturel pour permettre la séparation du nectar et de la glace. Lorsque le nectar est prêt il est fermenté à basse température pendant plusieurs mois. 
Le cidre de glace nécessite 4 à 5 fois plus de pommes qu'un cidre classique, d'où le prix un peu élevé.
Il existe une grande variété de cidres de glaces : des pétillants ou non, avec des temps plus ou moins long de fermentation, avec des mélanges de différentes variétés de pommes, issus de récolte d'automne ou d'hiver, plus ou moins alcoolisés.
Quant à moi, j'ai gouté deux sortes de cidre de glace.
 
 Le premier est dit mousseux : il est plus proche du cidre que nous connaissons mais beaucoup plus subtil, plus léger. Il est moins sucré et malgré son bon goût de pommes, il se rapproche un peu plus d'un champagne. Une robe d'un doré délicat, au nez une odeur de pommes fraîches et de fleurs blanches, au gôut un parfait équilibre entre le sucre et l'acidité. Un cidre parfait pour l'apéritif, avec des fruits de mer ou desserts fruités.
 
 
Le deuxième ressemble beaucoup plus à un vin cuit. Une robe caramel blond, au nez des arômes de pommes mûres, au goût une entrée en bouche fruitée, franche et moelleuse, des arômes de pommes profonds bien équilibrés par une acidité toute en nuance. Accompagne très bien les fromages, le foie gras et les dessert, parfait pour l'apéro.
Il existe bien d'autres sortes de cidres, plus ou moins forts en alcool, plus ou moins matures, adaptés à l'apéritif, pour accompagner un plat ou utilisé comme digestif. La palette est très riche à explorer.
J'ai acheté une bouteille de cidre de glace mousseux pour faire découvrir à des amis et ils ont beaucoup aimé. Pour le moment ce cidre n'est pas encore très commercialisé en France, on en trouve cependant dans certains Nicolas, chez Inno à Montparnasse, aux Galeries Layettes Gourmet, à la Grande Epicerie de Paris et sûrement à bien d'autres endroits : il faut chercher. Sinon il est bien sûr possible de passer commande sur internet.
Au Québec, il y a une cinquantaine de producteurs de cidre de glace. Le cidre Neige est le plus médiatisé et récompensé. En France, malgré des conditions climatiques moins favorables , il commence à se développer  : le Dupont Cidre de glace Givre venu de Normandie par exemple.
Belle découverte!!